Encore une fois elle m’avait échappé de peu. Encore une fois j’allais devoir vivre avec cet échec. Encore une fois, j’allais m’endormir en pensant à elle, rêver d’elle également. Qui ? La panthère, MA panthère. Depuis que l’on m’avait donné cette enquête, elle était devenue ma propriété. C’était MON enquête, MA voleuse, MON obsession. Il paraitrait pour certains que je ne fais pas tout ce qu’il faut pour l’arrêter, que je me complais dans ce jeu du chat et de la souris. Tout bêtement idiot, impensable. J’avais dédié ma vie à la loi alors dire que je la laissais s’échapper volontairement équivalait à dire que j’avais fermé les yeux sur la notion même qui gouvernait mon existence depuis des années : justice. Je voulais l’attraper et la faire condamner pour ses crimes. Oui, elle était le fléau de mon existence et je me devais d’y mettre fin. Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Avec un soupire, je commençais à régler les détails pour la police scientifique. Nous savions pertinemment que nous trouverions aucune trace mais par acquis de conscience j’ordonnais que tout indice même minime soit cherché. Qui sait, elle avait peut-être commis une erreur. La première. Dès fois, il suffisait de peu pour que les criminels soient attrapés. « Hey, Flynn… Tu n’avais pas rendez-vous avec ta belle serveuse ce soir ? » M’interpella mon coéquipier et accessoirement meilleur ami. Ivy ? Merde !! Nous avions rendez-vous dans un petit restaurant de Chinatown pour notre premier mois. Cela commençait bien, j’avais pratiquement une heure de retard et je ne pourrais pas me justifier d’un : excuse ma princesse, j’étais aux fesses de ma panthère. Non, Ivy ne comprendrait surement pas puisqu’elle me pensait agent d’assurance pour des clients fortunés. Comment nous en étions arrivés à ce malentendu ? A cause de la panthère bien sûr. Ce jour-là, je prenais un café où travaille Ivy et j’étais en plein inventaire des objets volés cherchant à trouver un lien avec les précédents vols quand ma petite amie m’avait servi mon café.

Charmé par son beau regard noisette, j’étais resté totalement sans voix. Alors, quand elle me demanda si je travaillais pour les assurances, j’ai connement répondu oui. Depuis, elle me prenait surement pour un gratte papier et je n’arrivais pas à trouver le courage de lui avouer la vérité. Il faut dire que j’avais par le passé, subit quelques déconvenues avec les femmes à cause de mon métier. Alors, avec Ivy, je voulais être sûr avant de me lancer mais plus le temps passait auprès d’elle et plus la peur me rongeait. Pour la première fois de ma vie je pensais enfin ressentir ce que les gens clament à tort et à travers : l’amour avec un grand A. Celui qui vous donne des ailes et vous cloue au sol dans la foulée. Cette femme m’ensorcelait totalement avec son regard, son sourire, sa voix. J’en étais dingue et j’étais foutrement en retard.

Il était à peu près 21h15 quand je franchis la porte du restaurant. Elle m’attendait déjà, je pouvais la voir attablée dans le fond de la salle. Tout de suite, un sourire vint étirer mes lèvres. Comme d’habitude, elle était belle et lumineuse. J’allais enlever ma veste pour paraitre plus décontractée quand je me rendis compte de deux choses : 1. Je n’étais pas repassé chez moi me changer n’ayant pas eu le temps. 2. Je portais encore mon holster contenant mon arme et mon insigne. Et merde pensais-je durechef. Je me dirigeais alors vers elle, peu confiant tout en refermant la veste de mon costume. Comme à mon habitude, je portais le costume et le chapeau. La classe personnifiée, que voulez-vous, j’avais le surnom de gentleman de la NYPD. Un cadeau de mon co-équipier pour se foutre de moi. D’un geste mainte et mainte fois fait, j’otais mon chapeau et m’abaissais-je vers elle pour baiser ses lèvres d’un tendre baiser. « Pardonne moi pour ce retard ma puce, j’étais sur une affaire..de vol. Un de mes clients vient de se faire cambrioler et j’ai dû y aller pour faire une expertise » mentis-je tout en me traitant de lâche. Moi, le mec qui faisait passer l’honnête par-dessus tout, mentait à ma petite amie.

❝ DÉMARRE! Allez, démarre! ❞, je m'écrie en sautant dans la voiture. Droit comme un piquet, Silham pose ses mains sur le volant et fait crisser les pneus dans un vacarme insupportable. Si je l'ai pris au dépourvu? Pas du tout, il m'attendait. Silham est comme qui dirait mon acolyte, mon partenaire, mon meilleur ami. Il m'accompagne dans chacun de mes coups et j'ai l'intime conviction que je pourrais toujours compter sur lui. Je lui voue une totale confiance et sans mentir, j'irai même jusqu'à lui confier ma vie. Lui et moi, ça fait un peu plus de cinq ans qu'on est amis. Nous n'avons aucun secret l'un pour l'autre. Ivy, la Panthère, ça n'a jamais vraiment eu d'importance à ses yeux parce qu'il ne les différencie pas, il les aime toutes les deux. Je me souviens encore du jour où nous nous sommes rencontrés. Je venais de piller ce vieux monsieur dans l'Upper East Side. Mon sac-à-dos sur les épaules, j'abritai un butin qui s'élevait à plus de 40 000 dollars. C'était mon premier gros coup et je n'avais pas pensé à régler tous les détails. Comme trouver une voiture ou changer de look. C'est là que je suis tombé sur Silham. Et quand je dis tomber, je me suis littéralement affalée sur lui. D'ailleurs, il en garde un douloureux souvenir. Tout ça pour dire qu'il m'a rendu une fière chandelle ce jour-là et qu'on ne s'est plus quitté depuis. Il aurait pu en être autrement. Les choses auraient dû se passer différemment, mais lorsque je suis retournée en cours le lendemain matin, je me suis retrouvée nez à nez avec mon sauveur. Monsieur suivait aussi des cours de chinois et malheureusement pour moi il m'a reconnu tout de suite. Faut dire que je débutais tout juste à l’époque et je n’étais pas suffisamment sur mes gardes. Les perruques, les lentilles, les changements d’identité, je ne maîtrisais pas encore. J’étais complètement paumée et Silham a proposé de m’aider. Pour être tout à fait honnête, jouer au caméléon, c’était son idée. ❝ Alors, la pêche a été bonne? ❞ finit-il par me demander, me tirant ainsi de mes pensées. Pour toute réponse, je me contente de fourrer ma main dans mon sac-à-dos duquel je ressors une poignée de bijoux en or, puis je les remets en place et me décide à lui répondre de vive voix. ❝ Excellente même! Et encore, je n'ai pas eu le temps de prendre tout ce que je voulais. Ce vieillard a de ces tableaux, tu n'imagines même pas! Une véritable merveille. Son coffre fort? C'est la caverne d'Ali Baba! Mais bon, je n'ai pas pu m'attarder! Cinq minutes de plus et ils me coffraient! Je l'ai vraiment échappé belle cette fois ❞, je lui explique le cœur battant. Avec du recul, je me demande comment j'ai pu me montrer aussi insouciante?! D'ordinaire, je prends mille-et-une précaution, je suis aux aguets, mais ce soir je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai paniqué. Au moment même où il est entré dans la pièce, j'ai perdu le contrôle. ❝ McAlistair? ❞ Je me laisse gagner par un soubresaut et je serre les poings. Plus le temps passe et plus ma vie privée empiète sur mes missions. Je n'arrive plus à me concentrer et tout ce à quoi je pense lorsque je suis en train de voler c'est à lui dire la vérité. A lui. Mon petit-ami, mon ennemi juré. Tournant la tête vers mon meilleur ami, je me contente de hausser les épaules. Je n'ai pas l'intention d'agrémenter le sujet. Parce que le problème c'est que Flynn McAlistair est bien plus qu'un simple flic désormais. Il est l'homme que j'aime, que je crois aimé tout du moins et, cette situation est de plus en plus difficile à gérer. Le pire dans tout ça c'est que je ne peux même pas en parler à Silham, il ne comprendrait pas. Pire encore, il se sentirait trahi et je refuse de perdre son amitié.

En parlant de mon bien aimé, n'étais-je pas censée le retrouver pour dîner? Quelle heure est-il? 20 h 55. J'ai près d'une heure de retard, mais il n'y a pas de quoi paniquer. Je sais qu'il sera à la bourre. Et puis j'ai pris un peu d'avance sur lui alors j'arriverais la première au restaurant quoi qu'il en soit. De même, le lieutenant McAlistair est bien trop méticuleux pour quitter les lieux du crime sans inspecter la pièce dans les moindres détails. Sa conscience professionnelle surpasse tout et je vais l'utiliser à mon avantage. ❝ Dis, tu me rendrais un service? ❞ Pas de réponse, je vais prendre ça pour un 'oui'. ❝ Ça te dérangerait de déposer notre butin à l'endroit habituel et de me conduire au restaurant? Tu sais celui où tu m'as emmené pour mon anniversaire ❞. ❝ Rendez-vous galant? ❞ Rêveuse, j'acquiesce d'un signe de la tête. ❝ J'imagine que tu ne m'en diras pas plus, n'est-ce pas? ❞ Bien vu! ❝ T'es pas croyable! ❞ s'amuse-t-il avant de m'ébouriffer légèrement les cheveux.

21 h 05, j’arrive au restaurant. ❝ Bonsoir, j’ai une table pour deux au nom de McAlistair. Je vous ai téléphoné en vous informant que nous aurions probablement un peu de retard, est-ce que monsieur est déjà là?❞ La serveuse me fait savoir que non et elle me conduit à notre table. J’en profite donc pour m’installer et commander un apéritif, mais au moment-même où je m’apprête à tremper mes lèvres dans mon cocktail, je croise le regard de Flynn. Prise de panique je remarque alors que j’ai oublié d’enlever mes lentilles de couleur ainsi que l'oreillette qui me permettait de rester en contact avec Silham. ❝ Et merde!❞  je peste, à la recherche d’une manière efficace de les dissimuler. Malheureusement, je manque de temps et tout ce que je trouve à faire c’est de faire tomber ma serviette sous la table. Serviette dans laquelle je glisse tout mon petit matériel. Je risque d’avoir les yeux rouges, mais cela vaut toujours mieux que d’éveiller les soupçons de mon policier de petit-ami. Une fois arrivée à ma hauteur, il ôte son chapeau et m’embrasse. Je frissonne au contact de ses lèvres sur les miennes et je m'oblige à jouer les petites-amies en colère. Ce soir, c'est moi qui tient les rênes, autant pousser le vice à l'extrême. ❝Tu aurais au moins pu téléphoner. Ça fait plus de trois quarts d'heure que je t'attends ❞, je râle pour la forme. ❝ En plus, je me suis fait draguer par un gros dégoûtant. Mais bon je te pardonne. T'as de la chance d'être aussi mignon ❞ je conclus en me penchant légèrement vers lui histoire de l'embrasser à nouveau. ❝ Ta journée s'est bien passée sinon? ❞

Mon quotidien était bercé par le même rythme depuis des années à savoir métro, boulot et dodo. Je ne vivais pas comme un moine, loin de là même mais je n’étais pas du genre à m’attacher. Réellement. En fait, si je faisais un retour en arrière, je n’avais eu guère d’histoire marquante. C’était peut-être pour cela que lorsqu’une histoire se terminait, je n’avais ni rancœur ni colère au fond de moi. Je souhaitais une bonne continuation à ma partenaire et je repartais vers d’autres aventures. Bien sûr, je conçois que mon attitude pouvait comment dire vexer ma partenaire qu’importe le nombre de jours ou de mois que nous avions vécu ensemble. J’étais ainsi fait, je n’allais pas changer du jour au lendemain. Pourtant, depuis que j’avais rencontré Ivy, ma vision des choses avaient radicalement changé. Cette femme était un rayon de soleil, une chieuse également mais dans le bon sens du terme. J’adorais regarder son sourire, ses petites mimiques et son air perdu quand je sentais que nous vivions un de ces moments romantiques et profonds que des couples sont amenés à vivre. Des fois, j’avais l’impression qu’elle était là sans être là comme si elle luttait contre ses émotions. Ce genre de moment me peinait. Je me l’avouais bien volontiers. Je voulais cette femme coûte que coûte mais je lui mentais. Ce soir, peut-être pourrais-je lui avouer ma profession ou non. Un mois. Un mois que je faisais partie de sa vie et déjà, elle m’était devenue aussi indispensable qu’elle. Oui, elle. L’autre femme qui régente ma vie. Si Ivy est celle de mes jours, la panthère est celle de mes nuits. Je ne me considérais pas bigame mais des fois, aux dires de mes collègues, je me comportais en véritable admirateur voire amoureux de la panthère. Cette voleuse qui avait bouleversé ma vie. Quand je me trouvais avec Ivy, je ne pouvais m’empêcher de penser à ma voleuse et inversement. C’était à n’y rien comprendre comme si les deux femmes n’allaient pas l’une sans l’autre. Je me faisais l’office d’un beau salop moi qui me vantait d’être un gentleman avec la gente féminine.

Quoiqu’il en soit, ce soir, mon retard m’excluait totalement de la case gentleman : une heure de retard. Ivy allait m’écorcher vif surtout que ce n’était pas la première fois que cela arrivait. Dès fois, je la plantais carrément car je ne pouvais m’absenter des lieux du vol. Il avait bon dos le gars des assurances ! Comprendrait-elle mieux si je lui disais que j’étais lieutenant à la NYPD ou me regarderait-elle avec un sourire crispé tout en cherchant un moyen de me larguer avec gentillesse ?! Ce soir, j’allais avoir ma réponse car en pénétrant dans le restaurant, je ne pus m’empêcher de remarquer que je portais toujours mon attirail sur moi. Bien joué McAlistair, franchement, bien joué. La première chose que je fis, fut d’enlever mon insigne accroché à ma ceinture pour la glisser dans la poche de mon pantalon. Une bonne chose de faites. Maintenant, comment allais-je me débarrasser de mon arme ? Autre question ! Quoi qu’il en soit, je m’approchais de ma belle et la saluait tout en m’excusant pour le retard. Ses yeux étaient rougis. L’avais-je fait pleurer ? Cette question me noua l’estomac derechef. « Mon portable est hors service mon cœur depuis qu’il est tombé dans ta baignoire.. Tu sais la fois où tu n’as pas pu attendre avant d’avoir ton câlin » la taquinais-je en souvenir de cette fameuse journée où elle m’avait sauté dessus alors que je me faisais couler un bain, courbaturer de partout après une nuit de planque. « Par contre, c’est quoi cette histoire de drague ? » ajoutais-je en fronçant les sourcils, scannant la salle du restaurant à la recherche du mort vivant. Oui, Ivy m’avait rendu possessif et jaloux. Un serveur vint près de nous, m’empêchant de répondre à sa dernière question. Le vestiaire ? Ma veste ? « J’ai un coup de fil à passer, j’en profiterai pour passer au vestiaire, merci. » le renvoyais-je gentiment tout en embrassant encore une fois ma petite amie. Que j’aimais ses lèvres. Je m’absentais donc quelques minutes et après avoir menacé le gars des vestiaires de tous les sévices inimaginables s’il arrivait quelque chose à mon arme de service, je retournais à ma table. « Ma journée ? Elle a été très longue, trop longue ! Je n’attendais plus que de te voir. Et la tienne ?.. Tu as hum des allergies Ivy ? Tes yeux sont rouges » demandais-je hésitant tout en m’asseyant en face d’elle, attrapant sa main pour entrelacer nos doigts. J’avais besoin de ce contact pour reprendre pied et surtout oublier ma panthère.

Flynn commence à se confondre en excuses. il a l’air vraiment mal à l’aise et bien que techniquement je sois censée lui en vouloir, je ne peux faire autrement que de me laisser attendrir par ses petites mimiques. Il est absolument adorable et je me rends compte que j’ai véritablement de la chance d’être sa petite amie. Prétextant un problème avec son téléphone portable, il évoque l’incident de la baignoire et j’esquisse un rire amusé à ce souvenir. Je ne me rappelais plus de cette histoire, mais à présent tout me revient en mémoire. Je me souviens que nous avions partagés un beau moment de complicité ce jour-là. Si mes souvenirs sont bons, nous avions passés un long moment à chahuter dans l’eau avant de passer la nuit ensemble. Une belle expérience, très intense. Ce qu’il faut savoir c’est que pour moi, le sexe n’a jamais été dénué de sentiments. Chacun de mes partenaires a toujours représenté quelque chose d’important. Ils m’ont touché d’une manière ou d’une autre et c’est pour cette raison que je me suis offerte à eux. D’ailleurs ils sont très peu nombreux. Au risque d’en surprendre certains, il en va de même avec la Panthère. Cette voleuse séduit, flirte, embrasse ses victimes, mais jamais elle n’a été plus loin avec aucune d’entre elles. D’abord, parce que leur tranche d’âge est trop élevée pour qu’elle ne ressente quoi que ce soit ensuite, parce qu’elle n’a jamais eu pour dessein de se prostituer. Quoi que les journaux puissent en dire, la Panthère est loin d’être prête à tout pour arriver à ses fins. Le mensonge ne l’effraie, ne m’effraie en rien. Bien sûr je me sens parfois coupable de mener mes proches en bateau, mais si je le fais ce n’est pas de gaieté de cœur, mais surtout parce que je n’ai pas le choix. Me débarrasser de mon lourd secret me mettrait non seulement dans l’embarras, mais en plus de ça, ils pourraient mettre la vie de mes proches en danger et je refuse de les exposer à ça. Je n’ai pas toujours été très futée et il m’est arrivée de m’attaquer à des vilains bien plus expérimentés, plus forts que moi et si jamais ils venaient à découvrir ma véritable identité, c’est à mes proches qu’ils s’en prendraient en premier. Tout ça pour dire que j’ai toujours été prête à faire beaucoup de choses, mais il y a des limites qu’on ne peut pas dépasser. ❝ Ce balourd a quitté le restaurant il y a une bonne demi-heure déjà! Tu vois, si tu te donnais la peine d’arriver à l’heure, tu pourrais défendre l’honneur de ta petite-amie, mais il faut croire que ce client, quel qu’il soit, compte bien plus que moi ❞, je fulmine en croisant les bras sur ma poitrine, simulant une vilaine crise de jalousie. Flynn s’en amuse quelques minutes et c’est le moment que choisie l’un des serveurs pour proposer à mon compagnon de le débarrasser de ses effets personnels. A ma grande surprise, il le renvoie de manière relativement abrupte avant de rejoindre le vestiaire de son propre chef. J’ai a peine le temps de me rendre compte de son absence qu’il retrouve déjà sa place initiale et commence à me raconter sa journée. Enfin son discours est plutôt décousu et sa description reste vague, mais ce n’est pas comme si je n’avais pas l’habitude. Bien que très attachés l’un à l’autre, nous passons la majorité de notre temps à nous mentir lui et moi alors, je suis plutôt mal placée pour lui faire la leçon je crois. ❝ La mienne a été d’un ennui mortel. C’était plutôt calme au café aujourd’hui et puisque mon petit-ami refusait de répondre à mes appels, j'étais comme qui dirait déprimée  ❞, je répond, taquine. ❝ Une allergie? Quelle allergie? Je dois…. Je me suis frotté les yeux tout à l’heure, j’avais une poussière dans l’œil. Ça doit être ça...  ❞, je mens, peu sûre de moi. ❝ Mais peu importe! Dis moi plutôt à quel point je t’ai manqué. Tu sais que je déteste attendre. J‘espère que tu as une idée de la manière dont tu vas t'y prendre pour te faire pardonner  ❞, je conclus en m'amusant à lui faire du pied.

Ma petite amie était une chieuse mais dans le bon sens du terme car ses bouderies en tout genre me faisait rire et m’attendrissait. Elle pensait que je ne voyais pas clair dans son jeu mais j’avais appris depuis ce mois, à la comprendre. Bien sûr, elle possédait encore bien des zones d’ombre, normal, après tout, nous nous ne connaissions pas encore. Toutefois, je savais reconnaître cette étincelle de malice au fond de son beau regard. Savait-elle qu’elle me faisait fondre ? Savait-elle à quel point, j’étais devenu dépendant elle tant elle était devenue importante dans ma vie. Avant elle, j’avais ignoré ce qu’est « aimer » et maintenant, j’en appréciais toutes les facettes surtout que je ressentais de plus en plus l’envie de me réveiller auprès d’elle chaque matin. Non, je ne pensais pas encore au mariage mais au moins partager le même appartement. Toutefois, pour cela, il faudrait que je lui avoue que j’étais flic car les assurances avaient bon dos mais je me voyais mal me la jouer à Mr and Mrs Smith. A y regarder de plus près, c’était pourtant déjà le cas. Je lui mentais ouvertement pour mieux la garder près de moi. Finalement, ce n’était pas ainsi que je fonctionnais et je n’allais pas pouvoir continuer ainsi très longtemps surtout si je voulais donner une chance à notre couple. Oui, cela faisait quelques jours que j’y pensais mais j’avais de plus en plus envie de.. Et bien de plus. J’étais frustré de nos petits moments fugaces mais en même temps, je me doutais que c’était trop tôt pour nous deux. Peut-être des vacances ? Oui, cela serait déjà un très bon début pour nous. Loin de la panthère, de mes autres affaires, de son boulot et puis c’était bientôt la fin de son année. Allez, ce soir, je me lançais, j’allais lui proposer des vacances en amoureux. Le tout était de savoir si je serais capable d’arrêter de penser à ma voleuse le temps de mes vacances. Mission presque impossible en somme. Ce balourd a quitté le restaurant il y a une bonne demi-heure déjà! Tu vois, si tu te donnais la peine d’arriver à l’heure, tu pourrais défendre l’honneur de ta petite-amie, mais il faut croire que ce client, quel qu’il soit, compte bien plus que moi boudait-elle m’arrachant un sourire attendri. C’est qu’elle me cherchait bel et bien. « Je vais demander un avis de recherche et j’irais défendre votre honneur gente dame tel un preux chevalier, je m’acquitterai de ma quête avec force et courage. Pour vous, pour votre honneur et votre amour » clamais-je tout en me retenant de rire. Le serveur arriva pour me débarrasser de ma veste mais ayant encore mon arme de service sur moi, je le renvoyais rapidement mais sûrement dans ses buts. Puis, je m’excusais auprès de ma douce pour aller au vestiaire et enlever toutes les pièces compromettantes. Heureusement que le restaurant avait des coffres forts car au moins, je savais que mon arme était en sécurité sinon, le serveur allait entendre parler de moi. Je pris enfin place en face d’elle et nous débutâmes une conversation légère. Le serveur, entre temps, prit notre commande pour l’apéritif qu’il nous amena dans la foulée vu qu’il n’y avait pas grand monde dans le restaurant quand soudain un petit pied qui se voulait innocent me fit du gringue. Amusé, je lui lançais une œillade des plus taquines, tout en ne pouvant m’empêcher de la trouver désirable à cet instant précis. « Princesse, j’ai mille et une idées pour me faire pardonner mais aucune n’est suffisamment décente pour être mise en application dans ce restaurant » m’amusais-je à lui répondre tout en jouant avec elle, de la même façon. Heureusement que la nappe était longue dans ce restaurant. « Et si.. J’essayais de me faire pardonner en te proposant des vacances ? Nous deux loin du travail et des études pour quinze jours de vacances en amoureux ? » Tentais-je avec un air assuré que je ne possédais pas en réalité. J’avais l’art et la manière de penser à quelque chose et de foncer sans trop réfléchir.